Je suis née le 19 mai 1959 en plein centre de Londres. Ne me demandez pas les détails, je ne les connais pas ! Je sais juste que toute ma famille était présente ainsi que M. Storm, notre médecin. On dit que ce fut un accouchement difficile mais je n'y crois pas trop. Allez savoir pourquoi ! Mais là n'est pas la question. Mon père dit que j'étais un beau bébé et maman acquiesce silencieusement du regard lorsque je leur pose la question. Je finis par hausser négligemment les épaules ; qu'est-ce que je suis censée répondre ? Nous habitions à l'époque dans le vieil appartement ayant appartenu à ma tante Suzanne de dix ans l'aînée de ma mère et qui était décédée peu de temps avant ma naissance d'une de ses maladies dont on tremble en y pensant. Je vécus toute mon enfance dans ce lieu. Ma chambre jouxtait celle de mes parents et la salle de bain se trouvait à l'autre bout. Il fallait traverser le couloir d'entrée : franchement pas pratique. De l'autre côté du couloir se trouvait le salon et la cuisine. Ce n'était rien d'extraordinaire mais c'était déjà très bien, personne ne se plaignait. Mes parents travaillaient d'arrache-pied pour avoir une vie convenable. Maman était bibliothécaire à Londres et papa se rendait tous les jours au ministère de la magie où il s'efforçait de trier un tas de papiers. Tout allait bien qui était bien en somme, grand-maman me gardait la journée s'efforçant de ne pas crier lorsque je renversais la boîte de farine dans toute la cuisine. On était encore trois à l'époque mais ça m'allait bien. Maman était une moldue, papa un sorcier de sang-mêlé et, si on omettait son travail, nous vivions comme des moldus.

Le 25 avril 1961 maman accoucha une nouvelle fois. Là encore je n'ai pas beaucoup de souvenirs surtout qu'à l'époque je ne comprenais pas bien ce qu'il se passait. On m'avait parlé de frère ou de sœur mais c'était très vague pour moi. Je savais juste que maman avait moins de temps pour moi et que tout le monde était agité. Ce fut une fille, mais parents l'appelèrent Suzanne. Ma première pensée pour elle fut qu'elle était toute petite – très poétique n'est-ce pas ? Elle passa les premières semaines – mois peut-être, je me souviens plus – dans la chambre de mes parents mais lorsqu'elle pleurait je l'entendais aussi. Et elle pleurait beaucoup. Puis, elle déménagea dans ma chambre et prit mes jouets. J'en avais plein, j'acceptais de les lui prêter avec joie. Au début, on s'entendait bien, on riait ensemble et jusqu'à mes sept ans, on discutait de tout et rien – comme on pouvait discuter à cet âge-là – mais ensuite, plus rien n'alla. Encore aujourd'hui j'ai du mal à l'expliquer et je ne sais même plus ce qui a déclenché ça. Néanmoins, jusqu'à mes quinze ans nous ne nous parlions plus qu'avec des piques, des sous-entendus moqueurs et échangions des regards glacials pour la plus grande tristesse de mes parents. De temps en temps on se disputait violemment – pour des habits qu'elle me piquait notamment – et ça finissait à coup d'insultes lorsque nous étions de bonne humeur, à coup de poing lorsque ce n'était pas le cas. Moi qui n'étais pas violente elle me faisait sortir de mes gongs.

17 juin 1969. « Les filles, nous avons quelque chose à vous dire. » Haussement de sourcils de ma part, soupire pour Suzanne. « Nous allons déménager ! En banlieue, dans une maison avec un jardin ! » La voix de ma mère tremblait tant elle était émue. « Mais... on est bien ici non ? », rétorqua Suzanne en démontrant par la même occasion qu'elle ne comprenait rien à la situation. « Ce sera plus grand là-bas ! Et toi Lucy, tu en penses quoi ? » Mon sourire dû parler pour moi puisqu'elle me serra dans ses bras avec affection. « Tout ira mieux là-bas, vous verrez. »





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