Chapitre I - She's calling me in the dark

« Souillé ! La longue et noble lignée des Beauséant, souillée par une moldue telle que toi. J'aurais du te tuer depuis le départ, ta beauté n'était qu'un poison, qui m'a embrouillé l'esprit. Belles illusions, qui cachaient ta saleté d'âme, écœurante. Toi et la gosse, vous ne valez rien, vous n'êtes rien ! » Une oreille, attentive, qui avale tous ces mots, à travers le bois d'une porte à demi-close. Un cœur d'enfant, que ces paroles acides et puantes de mal atteignent directement. L'incompréhension, d'un esprit pur et encore innocent, qui essaye de trouver les réponses à ses question. Pourquoi ? Pourquoi tous ces maux, jetés à leurs figures, tous les jours, sans interruption ? Pourquoi sa naissance, alors ? Si l'une des deux moitiés, regrette alors d'avoir conçu un être de chair et de sang. Ce cercle vicieux, harassant, incessant, qui détruit son petit corps à chaque minute qui passe. Ces cris, pesants, lourds, acérés, qui entaillent son cœur, à chaque fois plus profondément. Et les secrets, les sévices. Moraux, physiques. Elle écoute alors, attentive, attendant le précieux moment pour venir s'interposer, du haut de ses quelques années de vie. Annège sait qu'elle ne pourrait jamais faire le poids, mais le courage qui brille dans ses yeux, vaut toutes les années d'expérience du monde, toute la force d'Hercule, le savoir d'Einstein. Alors elle repose sa tête, contre la porte, le cœur en miettes. Attendant un cri, un signe, qui ne tarde pas à se faire entendre. Instinctivement, elle pousse le battant et entre, s'interposant rapidement. Faisant rempart entre la folie et le corps décharné de sa tendre mère. Sa sauveuse, son ange, sa protection. La femme qui accepte les coups, qui accepte les maux, les mots, tous les jours. Qu'on entend sangloter le soir, à la lueur d'une bougie. Qui regrette à chaque seconde, d'avoir succombé au charme énigmatique du beau sorcier, aussi mauvais soit-il. « ARRÊTE ! Ne t'approches pas ! » crie-t-elle, en vain. Puis un coup, d'une violence inouïe, qui l'envoie valser sur le sol, à genoux. Une marque, rouge, qui atteint sa peau blanche et encore juvénile. Preuve flagrante d'une famille décomposée, détruite, qui se meurt à chaque minute. Elle tend un bras, tâtonne sur le sol, à la recherche d'un objet pouvant l'aider à accomplir sa mission. Que les quatorze dernières années disparaissent, ne deviennent qu'un lointain souvenir. Que les cris, dont ses journées sont rythmées, cessent enfin. Elle trouve, un bout de bois. Familier, presque identique au sien. Qu'elle tend, défiant son père d'avancer encore. « N'avance pas ! Sinon je- » Coupée. En plein élan, par une réplique venimeuse, mauvaise. « Tu quoi ? Espèce de malheureux déchet, même la saleté sous mes chaussures aurait une plus grande importance. Tu crois pouvoir vos sauver, ta mère et toi ? Quelle naïveté. » Puis il fait un pas, un unique pas. Elle clôt ses yeux, tremblante. Tendant son arme droit devant elle, dans un dernier espoir de survie. Puis une décharge électrique, nouvelle, suit son chemin dans son corps, jusqu'à ses mains liées. Et quelques secondes plus tard, un bruit sourd, des os qui craquent. Le corps vide et froid, sans vie, de Florian Beauséant.

Et lorsqu'un troupe vêtue d'uniformes austères s'invite dans le manoir familial, elle n'a pas le temps de fêter dignement sa liberté. Liberté si longtemps souhaitée, voulue, et finalement obtenue. Mais les bras frêles de la mère sont entravés, un étau d'hommes se referme sur elle, que sa baguette est examinée. « Appoline Sparks, vous êtes en état d'arrestation pour homicide volontaire sur la personne de votre mari. Emmenez-la. » Et la silhouette fantomatique disparut, dans un tourbillon d'étincelles. Emportant tout espoir der normalité dans son existence d'adolescente.

Chapitre II - It's like wishing for rain as I stand in the desert

« Annège ! Tu m'écoutes ? » Haussant un sourcil, la dénommée poussa un soupir à fendre l'âme, avant de refermer son ouvrage. Fort intéressante de son point de vue. Le brouhaha permanent de la Grande Salle semblait disparaître au moment même où elle tournait la première page d'un livre. L'englobant dans un monde, qu'il soit runique, moldu ou même encore composé d'étoiles et de constellations diverses. « Mmh ? Tu disais ? » répondit-elle distraitement, observant la foule qui se repaissait de plats délicieux et préparés avec amour par les elfes. « Une promenade près du lac, ça te dis ? Tes bouquins peuvent attendre un petit peu, non ? » Poussant un soupir à fendre l'âme, elle rangea ses affaires, distraitement. Pas qu'elle n'apprécie pas le contact de la brise sur son visage et la chaleur diffuse du soleil sur sa peau, mais elle préférait nettement la compagnie des livres. Entraînée un peu malgré elle dans les corridors du rez-de-chaussée, elle passa les grandes portes, se retrouvant à l'extérieur. La vie semblait avoir envahi l'espace verdoyant, tant rires et discussions se faisaient entendre dans tous les coins. Un sourire vint flotter sur mes lèvres, en voyant cette atmosphère tout aussi paisible et agréable que celle de la bibliothèque. J'avais négligé mes amis, ces derniers temps. Et en arrivant près du lac, mes états d'âmes furent encore plus malmenés. Au loin, je pouvais distinguer une chevelure châtain, aux reflets dorés. Unique. Mon sourcil délicatement haussé, de nouveau, je lançai un regard équivoque à mon amie et camarade. « Une "promenade" près de du lac ? » Elle passa une main derrière sa nuque, mal à l'aise, avant de m'offrir un sourire empli de culpabilité. « Disons que j'ai ouï dire qu'ils y seraient. Alors j'ai sauté sur l'occasion, tu m'en veux pas, hein ? Et puis, tu vas pouvoir observer ton maraudeur. » Je plissai les yeux, suspicieuse. J'avais déjà évoqué le fait que le discret mais néanmoins célèbre Remus Lupin était tout simplement fascinant, à mes yeux. De diverses manières, étrangement. Tout autant pour sa gentillesse et sa droiture, que pour le quatuor fantastique qu'il formait à ses autres amis. Pour son physique, qui bien qu'agréable, me rappelait celui de mon père. Effrayante, malsaine obsession. Mes yeux étaient dardés sur lui, tandis que nous nous étions assises à quelques mètres, afin de pouvoir observer la scène qui se jouait. « Sirius, tu pourrais éviter de t'ébrouer sur mon parchemin ? Ca m'embêterait vraiment d'avoir à le réécrire. » Ledit garçon, arqua un sourcil finement dessiné et croisait les bras d'un air typiquement aristocratique. « Mais, Mumus, viens t'amuser avec nous ! Ce n'est pas trois gouttes d'eau qui vont te tuer, non ?  » Le plus juste et intelligent des quatre jeunes hommes refusa la proposition, préférant continuer ses études, le soleil faisant redoubler l'éclat de sa chevelure. Mais quelques minutes plus tard, une paire de bras l'empoigna pour le pousser à l'eau. Ce qu'ils n'avaient pas prévu, c'était l'algue bordant le lac qui entravait le pied du maraudeur. L'instinct prenant de nouveau possession d'elle, Annège fit les quelques mètres qui séparaient celle-ci de l'eau avant de se jeter dedans. Un simple coup dans le végétal aquatique, qui finit par lâcher prise. Comme prise d'une impulsion d'adrénaline, elle réussit à faire glisser le corps du garçon auprès d'elle, pour le ramener près de la rive. Trempée, mais rassurée, elle fit face aux regards admiratifs des autres membres du groupe si renommé dans l'école de sorcellerie Poudlard. Des excuses furent de mise, envers le garçon au regard piqueté d'or. Puis quelques sourires, des formules d'usages, bien que la perspective de rencontrer enfin le garçon qu'elle observait depuis tant d'années, l'emplissait d'une joie  indescriptible. Et il disparut, encadré par ses amis. Le cœur léger, elle fit quelques pas, à la manière d'une danse délicate. Heureuse. Un jumeau de son père, autant par le physique que par sa manière d'agir avec les autres. Mais la troublante différence, celle qui faisait qu'ils étaient diamétralement opposés, restait que l'un avait joué ce rôle pour appartenir aux convenances de son rang. Alors que celui qui s'était trouvé devant elle quelques minutes auparavant, faisait cela par bonté d'âme, de cœur. Sans aucune réflexion derrière, sans dessein à accomplir. Un garçon honnête, généreux, qui s'était fait sa place dans ce monde, sans se soucier des apparences, des exigences que l'on attend de nous. Remus Lupin.