Back to Black

La gare était pleine de vie et de bruit, comme tous les ans et les moldues se bousculaient sur les trottoirs bondés de la gare. Mais ils n'étaient pas les seuls à s'y promener aujourd'hui, puisque c'était la rentrée. Enfin. Maleya adorait toujours cet instant, l'agitation, la fumée, les cris. Cela lui rappelait l'excitation de son premier départ pour l'école de magie. Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle traversait en courant le mur de la voie neuf trois quart. Elle n'avait jamais eu peur de le passer, mais elle avait toujours trouvé ça plus amusant de le faire en courant. Elle avait du mal à croire que c'était déjà sa troisième année et n'en était que plus impatiente. Elle jeta un regard en arrière, son père lui renvoya un sourire bref, un peu distant, mais bien réel. Il ne souriait pas souvent et cela mit la jeune femme d'encore meilleure humeur. De toute manière, elle ne voyait pas ce qui pourrait gâcher ce dernier aujourd'hui.

La valise à la main, elle s'avança vers le train, saluant brièvement quelques connaissances de la main au passage. Elle avait beau être du genre solitaire, elle s'était quand même fait quelques "amis" les deux dernières années. Des ennemis aussi malheureusement mais c'était la règle du jeu. Elle s'arrêta pas loin de l'entrée et se retourna vers son père un grand sourire aux lèvres malgré son habituelle réserve. De toute façon ce genre de journée spéciale méritait bien qu'elle étale un peu son bonheur. Quelque chose cependant, dans le regard de son père éteignit en bonne partie son sourire alors qu'une sensation étrange et désagréable s'installait dans ses veines. Troublée, elle pencha légèrement la tête sur le côté avant de lui demander.

"Quelque chose ne va pas?"

Celui baissa le regard. Quelque chose qu'il ne faisait que rarement et qui inquiéta encore plus la jeune fille. Puis il prit une inspiration, lui saisit la main et la fixa avec gravité. Elle lui renvoya un regard angoissé mais attentif.

"Ecoute moi bien ma chérie. Je ne vais pas pouvoir être là à ton retour. J'ai eu diront nous quelques...ennuis."

"Quel genre d'ennuis?"

"Du genre grave malheureusement. Ecoute moi bien...je veux que tu reste calme. J'ai prévenu...ta mère. C'est elle qui te récupérera quand tu reviendra."

Son bonheur comme son sang froid disparurent plus brutalement qu'elle n'aurait pu l'imaginer et la panique commença à monter. Les questions se bousculèrent dans sa tête, l'incompréhension et le refus d'accepter ce qui se passait embrouillait son esprit. Jamais son père n'aurai repris contact avec sa mère s'il avait eu un autre choix. Et elle refusait de croire qu'il ne voulait vraiment plus d'elle. Jamais il ne lui aurait fait ça. Mais alors....

"Pourquoi? Tu peux pas faire ça! Je me fiche de maman, je ne la connais même pas! Non. C'est hors de question."

Il regarda avec tristesse et une culpabilité qui la rendirent malade et relâcha sa main sans qu'elle ne puisse réagir. Puis se redressa et s'écarta légèrement avant de déclarer froidement.

"Malheureusement jeune fille, ce n'était pas une question et si tu ne monte pas maintenant, ce train va partir sans toi. Fais attention à toi."

Le sifflet retentit sur le quai pour appuyer ses dire, son coeur ratant un battement. Ce n'était pas possible, elle était forcément en plein délire. Pourtant, ses yeux ne mentaient pas. Son père était bel et bien en train de faire demi-tour, la laissant seule sur le quai. Elle le regarda, la gorge nouée, puis regarda le train, un choix, définitif et déchirant s'imposant à elle. Elle hésita, les options semblaient défiler à tout alors dans son esprit. Le deuxième coup de sifflet fut comme un électrochoc et elle se força à soulever sa valise et à sauter dans le train. Les portes se refermèrent sur elle. Et sur son ancienne vie.

Coming Home

Vous imaginez certainement la liste des raisons pour lesquelles tout cela est arrivé. J'ai cherché aussi. Longtemps. Dans le journal, on disait simplement qu'il était porté disparut et recherché par les autorités. Autant vous dire que l'avis public était déjà fixé. Mais je restais persuadée que mon père n'était pas un criminel. Quoi que tout le monde puisse en dire. Enfin le résultat était le même qu'il le soit ou pas, lorsque l'année, longue et rude qui suivie fut terminée...c'était bien ma mère qui m'attendait à la gare. J'eu moins de mal que je croyais à la reconnaître. Elle me ressemblait vraiment. Mais c'était une étrangère. Découvrir qu'elle était moldue fut étrange. Vivre dans son monde fut un calvaire. J'étais seule. Elle, elle avait construit sa vie. Loin de moi. Elle était devenue avocate, s'était mariée avec un homme divorcé et vivait avec lui et son fils. Alex. Un adolescent de mon âge, qui allait dans un collège tout ce qu'il y avait de plus normal...de plus moldue. Autant vous dire que la magie était un tabou. Ma mère était au courant bien sûr, mais elle m'avait clairement fait comprendre qu'il n'était pas question de l'évoquer. Je détestais cette famille. Elle ne me harcelait pas non...mais j'étais juste un fantôme et être dans un orphelinat aurait peut-être même été plus conviviale. Je ne connaissais que le strict minimum et c'est à peine si je prenais mes repas avec eux. Je dus m'habituer à la vie des moldues, à toutes ses restrictions et ses bizarreries sans y trouver aucun attrait. De manière plus générale je m'appliquais juste à prendre toutes les distantes et toutes les précautions possibles pour ne pas gaffer et je n'attendais qu'une seule et unique chose, le prochain départ du Poudlard express. Les choses se passèrent ainsi jusqu'à ma cinquième année.

A mon retour, ce fut étonnement mon beau-frère qui vint me récupérer à la gare, ma mère n'ayant sans doute pas pu se libérer de son travail et mon beau-père n'allant certainement pas faire le déplacement pour moi. Je l'observais vraiment pour la première fois depuis notre première rencontre. Il avait beaucoup changé sans que j'y fasse vraiment attention. Il était plus grand, plus assuré bien qu'il garde ce côté réservé que je partageais aussi. Je n'avais jamais vraiment essayé de lui parler, nous étions trop dans notre univers tous les deux pour l'oser et lorsqu'il avait fait un pas vers moi ces dernières années, je m'étais écartée pour le tenir à distance. Mais je l'aimais plus que son père ou que ma mère et j'avais peut-être fait erreur en le repoussant à ce point. Mon intuition me soufflait que c'était quelqu'un de bien. C'est pour cela que je m'efforçais d'entamer un peu la conversation, de m'intéresser à sa vie. Bien sûr je ne comprenais pas tout et la conversation était restreinte, mais c'était sans doute la première fois que je me sentais à l'aise loin de l'école depuis deux ans désormais. Nous discutâmes ainsi durant le trajet vers Liverpool, jusqu'au terminus du train et nous apprêtions à rentrer lorsqu'un moldu m'attrapa par le poignet et me plaqua contre le mur en me menaçant d'un couteau. Décontenancée, je n'eu pas le temps de réagir que mon beau-frère le repoussait déjà avec une certaine brutalité. La ton monta et j'essayais de trouver un moyen de démêler la situation. Pas moyen d'utiliser la magie je devais essayer de réfléchir comme une moldue. Je n'en eu pas le temps, la bagarre commença avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit pour la stopper jusqu'à ce que le type ait la face en sang et se rende compte qu'il venait de poignarder mon frère, avant de prendre ses jambes à son cou. J'en restais interdite et je traînais mon frère en quatrième vitesse jusqu'à l'hôpital le plus proche. J'ignore comment mais à partir de là, lui et moi nous commençâmes à tisser une certaine complicité. Nous nous ressemblions beaucoup plus que je ne le croyais au premier abord et cet incident nous permit de passer outre la frontière absurde que nous avions dressée autour de nous. Il ne partageait pas mon sang c'est vrai. Et c'était un moldue. Mais c'était mon frère malgré tout et il était le seul dans ma vie de "moldue" avec qui je partageais à peu près tout, jusqu'à lui avouer ma véritable nature et lui parler de mon école de sorcellerie. Lui me parlait de toutes les choses moldues que je ne connaissais pas, notamment leurs musiques et tout un tas d'autres choses fascinantes. Il m'offrit également pour mon anniversaire le premier cadeau que je recevais depuis une éternité et qui fut pour moi d'un réconfort difficile à comprendre: un jeune chaton noir auquel je donnais le nom de Plume. Pour la première fois je retrouvais un foyer dans lequel j'aimais retourner.

J'entame maintenant ma sixième année à Poudlard que j'aborde sereinement, bien que la situation dans le monde des sorciers soit houleuse. Les partisans des ténèbres sont plus nombreux, des camps se dessinent et les tensions règnent. Moi au milieu de tout ça, je ne sais toujours pas vraiment ou me mettre. Je ne soutiens pas la cruauté gratuite, mais je n'ai aucune envie de combattre pour un camps ou l'autre. Je ne sais pas vraiment ce que je compte faire, car j'ai beau avoir de bonne notes, impossible d'imaginer mon avenir. Pour le moment.