Real wild child

« Nymeria, est une enfant très sympathique...enfin quand elle est à la maison. Mais il faut la comprendre, hein, elle est jeune et puis elle a de bons côtés aussi comme...Attendez ça va me venir. Elle est très charmante, en tous cas, la beauté de sa grand-mère - ma mère hein, pas celle de ma vieille peau de belle-mère- et c'est quelqu'un de fort. Elle est très éveillée pour son âge, ses enseignants me le disent tout le temps. Peu disciplinée certes, mais ça viendra avec le temps n'est-ce pas? Et puis elle ne faisait que jouer vous le savez autant que moi, c'était probablement simplement une expérience vous savez comment les jeunes de cet âge aime expérimenter. Enfin ne me dites pas que c'est la première fois qu'une élève se retrouve la tête dans la cuvette des toilettes dans votre école? » À en croire l'expression sur le visage de son interlocutrice, si. Elle haussa les sourcils d'un air équivoque, comme ne jugeant même pas utile de répondre. Elladora sentit qu'elle avait perdu le combat, chose qui n'arrivait que si rarement qu'elle n'en refusait de le croire. « Enfin Célia.. je pense que la faute vous revient tout autant à vous qu'à nous. Je ne paye pas autant de livres par an pour que vous soyez incapable de discipliner une enfant un peu turbulente.. » Cette fois si, la dénommée Célia explosa presque. « Un peu turbulente? Vous plaisantez j'espère? Ce n'est pas la première fois que vous êtes convoquée à ce bureau au sujet de Nymeria.. Et croyez-moi je limite ces convocations au minimum. Pas une semaine ne se passe sans que je reçoive au moins une plainte concernant votre fille. Et je ne parle pas des simples retards en cours..non je parle d'insolence ou d'actes de violence envers ses camarades! Tenez, la semaine dernière elle a coupé les tresses de Vénus Chaplin! J'ai essayé de calmer la petite et d'éviter que l'histoire ne prenne une trop grande ampleur, mais je vous le dis sincèrement, votre fille pose un réel problème. » Le soupir que poussa Ella en aurait fait pâlir sa mère tant il était bruyant et inacceptable pour une lady. « Je suis désolée, Ella.. J'ai fais ce que j'ai pu pour la garder, vu le passé important entre votre famille et notre école, mais ce n'est plus possible. Je peux néanmoins vous proposer quelques écoles qui accepteront probablement la candidature de Nymeria. » Son interlocutrice secoua la tête et avec toute la dignité qu'elle était encore capable de rassembler elle se leva de sa chaise. « Merci, mais nous nous en passerons. Vu l'incompétence de votre propre école, permettez moi de douter de votre capacité à m'aider à en trouver une autre. Bonne journée. » Et elle tourna les talons sortant avec grâce du bureau. « Oh! » fit-elle en se retournant une fois arrivée à la porte. « Assurément vous comprendrez, que Sainte-Elizabeth devra se trouver un autre bienfaiteur pour la construction de la nouvelle bibliothèque? » Et avec un sourire mielleux à son ancienne camarade de classe, Ella quitta la pièce, sans claquer la porte.




« Nymeria rentre tout de suite. » La blondinette se redressa en position assise sur l'épaisse branche d'arbre où elle s'était confortablement installée. Malgré la hauteur à laquelle elle était perchée, elle sauta de son siège sans la moindre peur ou hésitation et elle atterrit aussi lestement qu'un chat sur ses pattes. Sa mère l'attendait dans la cuisine et lorsque la petite fille débarqua elle ne put retenir un soupir exaspéré. « Nymeria Phoenix Franklyn-Cooper.. » une façon comme une autre de lui faire comprendre qu'un reproche arrivait. « Qu'est-ce que je vais faire d'une souillon comme toi? » En effet l'enfant était loin de faire bonne impression dans l'état dans lequel était. Les joues rouges, le front en sueur, les cheveux maculés de boue et la robe déchirée elle n'aurait pas eu l'air plus sale si elle s'était délibérément roulée dans la boue après avoir fait un tour dans la cheminée. Consciente de cela, elle se contenta de regarder sa mère d'un air presque insolent. Très sincèrement, elle ne voyait pas le problème. « Je ne sais plus quoi faire de toi. Et ne peux-tu pas au moins t'excuser? C'est pas bien compliqué pourtant. » Pas de réponse. Nymeria se retint de justesse d'hausser les épaules sachant que ça ne ferait qu'énerver encore plus sa mère. Et en ce moment elle avait décidé d'être "gentille".  Ca faisait deux mois que son père n'était plus là, qu'il avait prit ses clic et ses clacs et qu'il avait « foutu le camp avec sa blondasse » pour reprendre les termes de l'enfant. Il était retourné aux États-Unis, son pays natal. Dans sa grande clémence il leur avait laissé la maison et ne s'était pas battu pour la garde du petit démon.  Celui-ci voyait bien que sa mère avait presque envie de lui crier que c'était de sa faute à elle s'il était partit. Parce qu'elle était invivable, qu'elle ne tenait pas en place, qu'elle n'était pas obéissante, qu'elle n'avait rien en commun avec eux en fait. On l'aurait cru adoptée. Depuis qu'elle s'était fait virée de son école privée, les choses s'étaient aggravées, parce que sa mère avait décidé qu'elle ne voulait plus la laisser être en mesure de lui faire honte, aussi elle ne voulait pas l'envoyer dans une autre école où elle ne pourrait pas la surveiller. Elle était donc restée vivre avec eux sur l'île de Man, où la mission surveillance de sa mère fut assez peu réussie. Non seulement ils devaient la supporter tous les jours, mais en plus Nymeria détestant leur petite île, jolie, mais totalement vide et inactive à ses yeux, était d'autant plus énervée et invivable. Pourtant en toute objectivité, ce n'était pas à cause d'elle que David était partit. Non c'était à cause de sa blonde, et ça, Nymeria et Ella le savaient toutes deux parfaitement. Nan n'ayant pas envie d'embêter sa mère plus que nécessaire et jugeant d'ailleurs qu'elle avait déjà suffisamment abusé pour la journée, elle lança : « Bon je vais me laver. » Et elle laissa sa mère en plan. Y avait du progrès.

Never forget what you are. The rest of the world will not. Wear it like armor, and it can never be used to hurt you.

« Donc vous-voulez dire que c'est une sorcière? » L'homme confortablement assis sur l'un des divans du salon hocha la tête en guise d'affirmation. « Vous plaisantez? » Ella semblait sur le point de le jeter dehors sous la pluie de ses propres mains. « Absolument pas. »  Et pour prouver ses dires, il sortit un morceau de bois de sa poche et murmura quelque chose dans sa barbe. Aussitôt le bois mort dans la cheminée pris feu. Sur son fauteuil, Ella eu un mouvement de recul. Nan qui se rongeait les ongles dans un coin de la pièce, écarquilla les yeux, surprise. Pour la première fois depuis que l'invité était arrivé, elle prit la parole. « Alors c'est vrai le truc sur Poux-du-lard? C'est pas des conneries? » L'envoyé du Ministère eut un petit rire forcé. « Non ce ne sont pas des euh.. des conneries... » « Donc vous allez la prendre? » Intervint alors sa mère, presque pleine d'espoir, son air méfiant quasi-totalement disparu. Elle sembla se sentir un peu coupable de son empressement aussi elle tenta de se rattraper. « Enfin..je veux dire vous voulez qu'elle aille dans votre école de sorciers? » « Oui c'est ça. Elle est déjà inscrite à Poudlard et elle peut rejoindre le collège pour sa première année de cours de sorcellerie dès septembre. » Il tendit à Elladora deux enveloppes cachetées. « Voici les informations pratiques dont vous avez besoin. Si vous n'avez pas d'autres questions, je vais vous laissez vous remettre de cette nouvelle en famille.. » Il semblait mal-à-l'aise dans cette demeure moldue et dans cette famille qui lui avait semblé particulière depuis le début. On lui prêta si peu d'attention après ça qu'il n'attendit pas de réponse et trouva tout seul le chemin de la sortie. Nymeria s'était approchée du fauteuil de sa mère et lisait par dessus son épaule les lettres qui lui étaient destinées. Elle était mitigée sur cette histoire de Poudlard, ayant peur qu'il ne s'agisse que d'une version un peu différente de l'école privée où elle était allée avant. Le côté magie en revanche l'intéressait déjà beaucoup plus. En un sens c'était logique, il lui arrivait depuis longtemps des choses un peu spéciales, mais elle ne s'était jamais posé trop de questions. Elle avait cru avoir un don spécial, être unique, apparemment ce n'était pas le cas, mais ce n'était peut-être pas plus mal. Les sorciers devaient être plus cool que les enfants de riches qu'elle avait côtoyé jusque-là. De toute façon ça ne pouvait pas être pire.

En mettant les pieds à Poudlard au moins elle ne fut pas trop dépaysée. En effet le paysage écossais ressemblait beaucoup à celui de son île d'origine et dès la première semaine elle repéra les divers arbres qui pourraient lui servir de cachette. Sa première impression fut donc assez positive, bien qu'elle se teinta très vite. Elle fut en effet rapidement forcée de réaliser que le fait qu'elle vienne d'une famille sans pouvoir la rendait anormale pour certains bien qu'elle ne soit pas la seule. Pourtant malgré la surprise, elle n'en fut pas plus touchée que ça, habituée à ce qu'on ne l'apprécie pas trop que ce soit pour une raison ou pour une autre. Les professeurs de Poudlard ne parvinrent quant à eux pas plus à la discipliner que ceux des autres écoles où elle était allée. Mais en grandissant elle se calma légèrement, appréhendant un peu plus les punitions qu'auparavant et ayant, fort heureusement, mûrit un tant soit peu. Elle restait toutefois une jeune fille un peu spéciale, un peu trop masculine, un peu trop née-moldue, un peu trop elle.



« Pour la énième fois Nymeria enlève tes pieds de la table! » Avec lenteur l'adolescente s'exécuta, en roulant des yeux. Sa mère se laissa tomber avec élégance sur le divan en face d'elle, la fixant avec insistance. Occupée à mordre les cuticules de ses ongles rongés la jeune fille ne le remarqua que lorsque, impatiente, Ella toussota pour attirer son attention. « Quoi? » fit-elle en relevant les yeux vers sa mère. « Non rien.. Enfin... Tu ne parles pas beaucoup de ton école. Je ne sais pas comment ça se passe..Pas les cours mais.. » « M'man viens-en au fait.. » « Maman, pas « M'man ». » corrigea Elladora machinalement. Elle se tortilla sur place l'air embarrassée. Pourtant, pour une fois, Nan n'avait rien fait. « Tu ne m'as jamais parlé de garçons Nymeria... pourtant il doit bien y en avoir un.. » « Non. » l'interrompit Nan avant de reporter son attention sur ses ongles. « T'es sûre? Même pas.. » « Non. » fit-elle avec un agacement non dissimulé. « Nymeria.. je sais que parfois tu as de quoi avoir l'impression que je suis très fermée d'esprit.. que je vis cinquante ans en arrière, comme ta grand-mère, mais ce n'est pas vrai. Je peux encore comprendre les jeunes, je sais ce que c'est d'être une adolescente. Je sais aussi que ce n'est pas facile de parler à sa mère de ses coups de cœur, mais.. » « Maman j'en ai pas, ça s'arrête là merde. J'ai pas de copain et j'ai pas envie d'en avoir un et surtout surtout ne te mets pas à me raconter tes histoires d'amour sauf si t'as envie de re-décorer le salon avec les restes de mon déjeuner. » Ella eut une grimace dégoûtée et sembla hésiter à se lever pour gifler sa fille. Elle ne bougea pourtant pas d'un pouce, droite comme un piquet.  « J'espère que ce n'est pas comme ça que tu parles à tes professeurs... » Nan roula des yeux. « Nymeria. » son ton était plus doux et elle marqua une pause pour réfléchir à ce qu'elle allait dire et comment elle allait le formuler. Elle se leva sans prévenir et vint s'asseoir près de l'adolescente qui eut un mouvement de recul. « Écoute, si tu as.. euh..comment dire..des goûts un peu...différents, tu peux aussi me le dire.. » Nan fronça les sourcils sans comprendre. Sa mère parut juger utile de préciser ses propos. « Tu sais j'ai entendu des choses sur les jeunes d'aujourd'hui, sur les nouvelles mœurs et...tant que tu fais attention à ne pas le montrer je..je suis pas.. foncièrement contre le fait que tu expérimentes.. » La jeune fille était encore plus perdue par le discours d'Elladora. « Euh...je rêve ou t'es en train de penser que je suis attirée par les filles? » L'expression de sa mère était indéchiffrable lorsqu'elle hocha la tête avec lenteur. Nymeria éclata subitement de rire. « Euh non c'est pas le cas. » Lorsqu'on la connaissait bien c'est vrai que ça pouvait être risible. Nan avait toujours eut quelque chose contre les individus de son propre sexe. Non seulement elle ne les aimait pas, mais bien souvent elle les méprisait même et le sentiment avait le don d'être assez réciproque.  Elle avait peu d'amies filles et elle n'était pas attirée par elles le moins du monde. « Franchement m'man c'est sûrement l'un des seuls trucs pour lequel t'as pas à t'inquiéter. » Et sur ces mots très rassurant elle se leva d'un bond du canapé pour rejoindre sa chambre.




« Euh Cooper.. les toilettes des garçons c'est pas là. » Sourire mielleux. Nan serra son poing et les dents, hésitant un instant à arracher avec ses ongles défoncés le sourire éclatant de la blonde. « Et les elfes de maison sont censés rester dans les cuisines, mais vu que t'es là, je suppose qu'ils ont fait une exception. Ca te dérangera donc pas que je pisse debout dans une cabine à côté de la tienne? » Elle poursuivit son chemin non sans donner un coup d'épaule à Vénus. Elle l'entendit pousser un gémissement outré, mais le bruit de ses talons la suivit vers les cabines. « Eh pas si vite! » Nan ne lui prêta pas la moindre attention. « Oh! Cooper t'as entendu les nouvelles règles pour les nés-moldu? Ca doit craindre d'être toi! » L'adolescente esquissa un sourire et se retourna pour faire face à son ennemie. Celle-ci tenta vainement de cacher sa surprise en voyant son sourire. « C'est marrant Chaplin, mais je me demande ce que tes potes diraient s'ils savaient à quel point t'as aimé être entourée de sang-de-bourbes à l'école primaire. » Le visage de son interlocutrice se décomposa immédiatement. Elle ne releva même pas le fait qu'elle avait utilisé un mot insultant envers les sorciers de son propre rang. Les gens qui la connaissaient un minimum finissaient par être habitués. Certes d'autres nés-moldu s'en offusquaient en l'entendant, mais Nan trouvait ça ridicule. Ce n'était qu'un mot après tout. Et s'ils prenaient l'habitude de s'appeler eux-même de cette façon, les insultes des autres élèves ne pourraient plus les toucher. Vénus le relevait néanmoins quasiment toujours pour souligner à quel point la jeune Cooper était ridicule et stupide, mais cette fois c'était la menace qui semblait accaparer son attention. « Tu n'oserais pas... » « À ton avis? » Le sourire de Nan s'agrandit légèrement.  Elle n'avait jamais utilisé cette information qu'elle avait sur Vénus avec qui elle avait partagé quelques classes et quelques altercations à l'institut Sainte-Élizabeth. Maintenant semblait toutefois être le meilleur moment pour annoncer ça à ses amis sang-purs. La haine anti-moldu était de moins en moins cachées dans ces cercles-là et Vénus ne vivait que pour impressionner ceux-ci. Nul doute qu'une telle information ruinerai sa réputation. Le regard de Vénus se fit suppliant. Elle ne pouvait même pas riposter en menaçant de raconter comment Nymeria s'était fait virer de l'établissement par exemple, puisque cette dernière était bien capable d'être fière de cet "exploit". « Je ferai ce que tu veux, s'il-te-plaît Nymeria, ne dis rien! » Nan sembla considérer la demande. « Hmm.. Mais qu'est-ce que toi, simple vipère peux m'apporter, hein? » Vénus fit un pas vers elle. « Je..je ferai tes devoirs! » Nan pencha la tête de côté. « Oui ça semble être le minimum.. » Son sourire s'agrandit un peu plus. « Mais qu'est-ce que tu peux vraiment me donner? » Elle porta un index à son menton faisant mine de s'interroger. « Tu sais Vénus.. Ma mère est très riche, mais elle ne semble pas considérer que j'ai besoin de tant de gallions que ça pour mes sorties à Pré-au-Lard et autres et je préférerais qu'elle ne soit pas au courant de l'étendue de mes dépenses... » Elle haussa les sourcils en direction de sa camarade comme pour lui faire comprendre qu'elle devait faire l'addition. La bouche de Vénus forma un "o" parfait lorsque ses neurones eurent finit de faire leur travail. « Je te donnerai autant que tu veux! » Nan lui offrit un sourire faussement reconnaissant. « Voilà qui est généreux de ta part! Ton secret sera donc gardé sous ces conditions. » Vénus sembla rassurée. « Sauf si je change d'avis. » Elle lui lança un regard malicieux et quitta la pièce. « Je te tiendrai au courant. » lança-t-elle en partant. Ce qu'elle venait de faire la rendait tellement joyeuse qu'elle en oubliait son envie pressante.