Un jeune homme courrait dans les bois. Il faisait nuit, l’air était frais et l’écho de ses pas semblait résonner à travers la forêt en se percutant sur les troncs à la manière de l’eau sur la rive.  Le garçon regarda sa montre en actionnant un bouton : une lumière verte illumina son cadran et lui indiqua qu’il était présentement 23h30, un mercredi d’été.

« Tiens bon Sirius » pensa-t-il en essayant de se convaincre que ce qui venait de se passer n’avait rien d’alarmant.

En fait, c’était tout le contraire. Un peu avant que le jeune homme ne quitte sa maison en trompe, sa mère et lui avaient eu une énorme dispute concernant le monde des sorciers. Celle-ci avait plutôt tourné autour du mélange entre les sorciers de sang-pur et les moldus. Cette chicane avait tourné au vinaigre : Sirius s’était enfuis et sa mère avait brûlé son visage sur l’arbre généalogique des Black. En d’autres termes, il venait de se faire renié de sa famille. Et tout ça pour avoir défendue une jeune fille qu’il connaissait à l’école du nom de Lily, une sorcière très douée, qui était née de parents moldus.

À bout de souffle, Sirius s’arrêta et se cramponna à ses jambes, qui commencèrent à trembler dès que celui-ci se fut immobilisé. De grosses gouttes de sueurs lui perlaient le front et il sentait la salive lui monter à la bouche, une salive au goût de fer.

Il cracha.

Croyant qu’il était suffisamment éloigné de la demeure Black, le jeune homme scruta l’horizon à la recherche d’une roche sur laquelle il pourrait s’asseoir. En vain, il dut se contenter du sol humide et vaseux.

Plus l’adrénaline descendait, plus le jeune Black sentait les émotions l’envahir : il ressentait un mélange de haine, de peur, de peine, et étrangement, de joie. Plus il repensait à la soirée, et plus la peur et la peine semblaient se volatiliser pour laisser place à une étrange euphorie. Depuis sa tendre enfance, Sirius ne s’entendait ni avec ses frères, ni avec ses parents. Il avait toujours été le « petit mouton noir » de la famille. Celui dont on a honte. Pour commencer, Sirius croyait au potentiel des sorciers moldus. Il n’avait jamais rien vu de mal là-dedans et pourtant à chaque fois qu’il abordait le sujet, il croyait que sa mère allait en faire une crise cardiaque. Deuxièment, parmi une famille entièrement composée d’anciens et de nouveaux Serpentard, Sirius avait été envoyé à Gryffondor.

Quelle ironie.

Une ironie qui joua sur les nerfs de ses parents, et qui rendit la vie de Sirius  insupportable. Après tant d’année, sa mère finissait enfin par se débarrasser de lui. Il était temps.

Même si le jeune homme n’avait aucune idée où il pourrait vivre à compter de maintenant, il pensa que tout serait mieux que cette maison de fous.
Malgré son excitation, l’obscurité finit par faire sa trace et il ressentit une profonde fatigue. Il devait trouver un endroit où il pourrait dormir en toute sécurité.

C’est alors qu’il pensa à son ami James. Peut-être que celui-ci pourrait l’héberger, au moins pour une nuit. D’ailleurs, James lui avait déjà parlé de son quartier, et à ce que Sirius se rappelait, il était proche de sa position actuelle. En fait, où était-il? Il avait été si empressé de partir de chez lui qu’il n’avait même pas pris le temps de regarder où il s’en allait. Or, il savait qu’à quelques rues de chez lui se trouvait une petite forêt dense, ce qui permis à Sirius d’estimer sa position.

« Je me demande qui cours le plus vite, le chien ou l’humain? »

En pensant cela, le jeune homme sourit. Il ferma ses yeux durant quelques instants et se concentra. Rapidement, les muscles et les os de son corps de contractèrent, sa peau ne noircit de longs poils noirs, son nez et ses oreilles s’allongèrent. Lorsqu’il rouvrit les yeux, l’homme qui était assis quelques secondes plus tôt avait laissé place à un beau berger allemand noir aux yeux bleus. Les vêtements qu’il avait portés étaient étendus dans l’herbe. L’Animagus les regarda, puis hocha la tête.

« Pas besoin de vêtements… »

Et il partit au sprint en se dirigeant vers la demeure des Potter.

Sirius Black se souviendra toujours du moment où Mme Potter ouvrit la porte ce matin-là à 2 heures du matin et qu’elle y découvrit un jeune homme en tenue d’Adam qui lui souriait bêtement, essoufflé.