« HAZEL ! Mais putain fous nous la paix ! Allez, dégage ! »

Sa mère tira une taffe de sa cigarette et souffla la fumée sur le visage de la petite fille qui toussota. Celle-ci fit demi-tour et retourna dans sa chambre en slalomant entre les immondices qui traînaient par terre. Entre les boîtes de conserves, les poubelles éventrées et le linge sale, ce n’était parfois pas facile. La petite serra son doudou contre elle, s’enferma dans sa chambre, se roula en boule et pleura dans son lit. Elle ne voulait pas déranger ses parents, juste leur dire qu’elle avait fait un cauchemar. Elle ne voulait pas les embêter non, et pourtant ils ne s’occupaient jamais d’elle, ne l’écoutaient jamais. Bien sûr, Hazel savait qu’elle avait été adoptée et elle avait quelques souvenirs heureux avec ses parents, quand tout allait bien. Et puis un jour tout s’était déréglé. On lui avait annoncé que sa tante, la sœur de sa mère était morte dans un accident de voiture et depuis ce jour, sa mère s’était mise à fumer. Mais ce que n’avait pas compris la petite, c’était que ce n’était pas du tabac mais bien de la drogue. Son père avait alors suivi quelques mois plus tard et elle s’était retrouvée avec des parents complètement défoncés à longueur de journée, qui vivaient avec l’argent que leurs parents leur donnaient.  

D’ailleurs, Hazel adorait aller chez ses grands-parents. Ils la réconfortaient quand ça n’allait pas, lui faisait des câlins, la nourrissait convenablement et elle avait alors l’impression de redevenir une enfant comme les autres, une enfant de sept ans qui ne sait pas encore se gérer. Son quotidien était assez épouvantable. Elle se réveillait d’abord, s’habillait, se préparait son petit déjeuner pendant que ses parents ronflaient sur le canapé. Elle se rendait ensuite à l’école ou, à part son amie Katie, personne ne lui parlait, la trouvant trop bizarre. Puis le soir, elle rentrait, seule chez elle. La petite n’oubliait jamais de s’acheter un petit goûter à la boulangerie du coin avec l’argent qu’elle volait dans le porte monnaie de son père. La boulangère lui donnait toujours un petit bonbon et elle le mangeait très lentement, en profitant au maximum. C’était son dernier petit plaisir avant de retrouver ses parents et l’appartement en décomposition intense. Elle faisait ensuite ses devoirs, rangeait et nettoyait sa chambre – seule pièce de la maison en parfait état -, prenait sa douche puis se préparait à manger, seule. Parfois, quand elle avait un peu de temps, la petite rangeait un peu la maison ce qui permettait qu’elle ne se transforme pas en taudis. Tel était le quotidien d’Hazel.

Elle avait grandi plus vite que les autres, était plus mature, mais s’était renfermée sur elle au fil des années. La petite qui aurait dû devenir une jeune fille épanouie et sociable était devenue totalement introvertie, silencieuse, manquant cruellement de confiance en elle. Elle était en permanence triste et attendait désespérément que quelque chose la sauve. Oh bien sur, il y avait bien quelques fois des choses bizarres qui se produisaient comme un verre qu’elle avait fait tombé et qu’il n’a jamais touché le sol ou la feuille qu’elle avait déchirée et qui s’était réparée toute seule mais Hazel n’avait jamais cherché à comprendre et oubliait ces évènements.

« Toc toc toc. »

Surprise, Hazel ouvrit les yeux, sauta de son lit et ouvrit la porte de sa chambre. Personne. Elle fronça les sourcils et referma la porte. C’est alors qu’elle découvrit un hibou brun qui frappait à sa fenêtre. Non mais elle rêvait, ce n’était pas possible ! Intriguée, elle lui ouvrit la fenêtre et lui caressa la tête. C’est alors qu’elle s’aperçut qu’il portait une lettre lui était destinée. Qui pouvait bien lui écrire ? La petite fille décrocha la lettre et le hibou s’envola. Elle la déplia et lut ce qui était écrit. Au fur et à mesure qu’elle avançait sa lecture, son cœur s’affolait de plus en plus. Elle était une sorcière ! C’était donc ça tous ces phénomènes bizarres ?! Elle allait partir d’ici ! Alléluia !
Mais elle ne pouvait pas dire ça à ses parents, il la prendrait pour une folle… Tant pis, elle présenterait les choses différemment. Hazel attendit qu’ils se réveillent pour aller leur annoncer la nouvelle. Elle les trouva en train d’émerger sur le canapé. Franchement, ils faisaient peur à voir. Depuis quand n’avait-ils pas prit de douche ?

« Papa, Maman, j’ai une nouvelle. »

Pas de réaction. Elle décida de continuer.

« Je vais partir en pensionnat l’année prochaine, la rentrée c’est le premier septembre. »

Sa mère ouvrit un œil pour le refermer aussitôt en faisant une grimace et en plaquant une de ces mains sur sa tête. Elle grogna pourtant une réponse.

« Très bien, casse-toi, on s’en fou. Ca nous fera des vacances. Allez, dégage maintenant. »

Hazel ne se fit pas prier et retourna dans sa chambre en sautillant. Maintenant il ne lui restait plus qu’à se rendre à Londres pour acheter ses fournitures. Gros problème… Pourtant, elle ne se démonta pas. Elle piqua la carte bleue de son père et prit l’ordinateur portable dans sa chambre. Ca ne devait pas être très compliqué. Elle trouva un train à 15h qui arrivait le soir à Londres. C’était l’avantage d’habiter à Dublin, les trains étaient directs.
La gamine mit quelques affaires dans son sac, des paquets de gâteaux et partit à la gare. Ses parents ne s’apercevraient même pas de son absence, elle pouvait partir en toute tranquillité. Et même si par miracle ils s’en apercevaient, ils n’en auraient rien à faire. Mais Hazel s’en fichait, elle était une sorcière et elle allait partir de chez elle.    

Hazel était assise sur un rocher à quelques centimètres du lac tout en repensant à son enfance. Ici, à Poudlard, elle était chez elle. Pourtant, elle était toujours autant renfermée et introvertie. Ses parents lui avaient volé son enfance et d’ailleurs elle ne les considérait même plus comme ses parents. Elle allait chez eux pendant les vacances d’été qu’elle passait toujours dehors, traînant dans les rues de Dublin plutôt que chez elle. Elle en profitait pour récurer l’appartement de fond en comble et c’était ce qui permettait qu’il ne tombe pas en ruine pendant l’année. La dépendance de ses parents ne s’était pas améliorée, bien au contraire. Hazel n’était même plus sûre qu’ils la reconnaissaient quand elle rentrait l’été. Mais peu importe.

Ici, on la croit coincée au possible mais ils parlent sans savoir, sans rien connaître de son passé qu’elle ne raconte jamais. Alors Hazel laisse dire, peut-être qu’un jour cela changera. Peut-être.