Il y a un début à tout.

C'est franchement nul et désolant de vivre au beau milieu de nul part car il n'y a personne avec qui parler. Il y a bien les voisins mais ma mère ne veut pas que je les approche, elle les trouve bizarres et farfelus. Moi, je ne vois pas ce qu'ils ont d'étrange. La petite fille sortait parfois dehors et s'amusait à courir avec les papillons. Il est vrai que je l'ai déjà vu une fois avec un petit balais et tenter de l'enfourcher comme le font les sorcières dans les histoires mais son père l'a vite empêché en lui criant qu'elle pourrait se faire mal. Personnellement, je ne vois pas comment elle aurait pu se blesser avec un balais minable et tout petit. Ils m'avaient vu les regarder et le père avait pointé son gros doigt dans ma direction et murmurait des choses. Ils sont vite retournés à l'intérieur et je n'ai pratiquement plus vu la petite fille. La raison pour laquelle je n'ai qu'eux comme voisin est que mon père est un fermier et qu'il a acheté tout pleins de champs. Et le dit voisin aide parfois mon père avec les vaches. Ma mère est coiffeuse. Elle doit se lever tôt le matin pour se rendre en ville et aller coiffer pleins de gens. Des fois, il lui arrive de s'occuper des cheveux des voisins mais elle se déplace chez eux. Ils ne sont jamais entré dans ma maison. 

Tous les matins, je salue le voisin en me rendant à la ferme mais je ne peux pas travailler avec eux. Maman veut que je récolte les oeufs dans le poulailler. J'ai déjà tenté de me faufiler j'ai les voisins avec un petit poussin tout jaune et doux dans les mains pour le montrer à la petite fille mais sa mère m'a sévèrement chassé. En fait, elle m'a fait peur, elle tenait un long bout de bois fin dans sa main et n'arrêtait pas de faire des gestes avec et des trucs s'agitaient tout seul dans la maison sans que personne n'y touche.  À partir de ce jour, j'ai su que c'était des sorciers, ma mère me l'a expliqué et je n'ai jamais plus tenter quoi que ce soit vers eux. J'évitais soigneusement le voisin et me cachais de lui. Ce n'est que plus tard que j'ai su qu'il n'était pas un sorcier, qu'il était comme nous. Son horrible femme par contre possédait réellement des pouvoirs magiques, c'est pour cela que les casseroles et la vaisselles volent un peu partout et que des hiboux vont et viennent par les fenêtres. J'ai demandé à ma mère si la petite fille aussi était une sorcière mais elle m'a répondu avec étonnement qu'elle ne le savait pas, elle s'est ensuite abaissée à ma hauteur, a mis ses deux mains sur mes épaules et m'a dit :
« Écoute-moi bien Meàllan, quoiqu'il en soit, même si cette petite fille habite juste à côté de notre maison, elle ne vit pas dans le même univers que toi. Elle grandira, elle sera différente de toi, elle ira dans une école où seuls les sorciers vont, elle aura des amis sorciers et toi, tu iras à l'école de la ville et tu t'y feras des amis. Tu ne l'as reverra que l'été d'accord ? Alors ne t'attache pas trop à cette fillette. Vous êtes beaucoup plus différent que tu ne le penses. »
Elle m'a fait promettre que je ne tenterais pas de la voir ou de lui parler. J'ai tenté en vain de lui expliquer que c'était la seule amie que je pourrais avoir en attendant d'avoir l'âge pour aller à l'école mais elle n'a rien voulu entendre. Alors que croyez-vous que j'ai fait ? J'ai désobéi bien sur, et ce fut, je dois l'avouer, la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie.

Ruby.

Un matin de mes huit ans et demi, je surpris la fillette sortir de sa maison et s'éloigner dans un des champs de maïs. Je n'eus qu'une fraction de seconde pour me lancer à sa poursuite silencieusement avant que les hauts plants ne recouvrent son chemin. Sa trace n'était pourtant pas très difficile à suivre, elle fredonnait une chanson étrange et je ne comprenais pas la moitié des mots qu'elle disait. Comme je suis un grand curieux, j'ai tenté de m'approcher plus pour entendre mieux. Après plusieurs minutes de marche, elle atteignit le bout du champ et aboutit dans une clairière que je connaissais trop bien. Je venais souvent ici. Je m'arrêtai à l'entré du champ et regardai ce que la fillette faisait. Elle tentait d'attraper des papillons et la pauvre s'approchait inconsciemment d'un étang assez profond. Je surgis des plants pour l'avertir au même moment où elle glissa sur le sol humide et tomba dans l'étang. Elle poussa un cri effroyable, probablement à cause de la gifle que lui assénais l'eau sur sa peau et commença à agiter les bras follement dans tous les sens. Je m'empressai de foncer sur elle, de m'aplatir sur le sol et de lui tendre mon bras en lui criant de le saisir. À peine avais-je finis ma phrase qu'une quenouille vient me fouetter le visage, puis une deuxième. L'herbe et des plants de maïs autour de moi s'arrachèrent et tourbillonnèrent, certains vinrent frapper mon corps et je tentai de protéger mon visage. La terre et des petits cailloux s'élevaient du sol. L'eau de l'étang commençait à faire des vagues et la fille continuait d'agiter ses bras un peu partout en criant, de temps à autre sa tête se faisait engloutir par la masse liquide. Je me laissai tomber à l'eau et nageai jusqu'à elle, je l'aidai ensuite à se calmer et la tempête autour perdit graduellement de l'amplitude.

Je fis officiellement sa connaissance après ce fâcheux accident. Elle s'appelle Ruby. Un des plus beaux noms qui puisse exister à mes yeux. Elle a découvert ses pouvoirs quand elle est tombé dans l'eau, Ruby ne savait pas nager. J'y ai découvert ce qui allait devenir mon épouvantard, des serpents. À cause des perturbations dans l'eau, ça en a attiré quelques uns et certains se sont enroulé autour de ma jambe. Ma mère m'a durement grondé d'avoir suivi Ruby, et de lui avoir adressé la parole, et d'avoir trempé mes vêtements. Et pleins d'autres choses encore, elle a même tenté de me punir. J'étais tellement en colère contre elle, je ne pouvais pas répliquer, chaque fois que j'ouvrais la bouche, mon père m'ordonnait de ne pas interrompre ma mère et que je ne devrais pas parler la bouche pleine -c'était pendant le repas. Je voulais leur dire que sans mon intervention, Ruby se serait noyée et que je lui avais sauvé la vie, que j'étais un petit garçon brave et gentil mais tout ça restait en travers de ma gorge. Au final, tout ça bouillait en moi, j'avais le visage cramoisi de colère et les verres et le bol à salade qui se tenaient sur la table explosèrent soudainement ce qui fit sursauter mes parents. Un silence de mort s'abattit dans la maison et tous les yeux étaient posés sur les morceaux de verres fracassés. Ma mère demanda, la voix toute tremblotante :
« Meàllan, est-ce que c'est toi qui a fait ça? »
Sans lui répondre, je quittai la table et m'enfuis dans ma chambre encore en colère avec eux mais avec un nouveau sentiment qui naissait peu à peu en moi. J'étais comme Ruby et j'irais à la même école qu'elle ! Ma mère vint me voir un peu plus tard dans la soirée alors que mon père était à la ferme. Elle me caressa les cheveux et avoua qu'elle était surprise du potentiel magique qu'il y avait en moi. Elle avoua aussi avec une certaine pointe d'amertume que c'était une belle coïncidence que la petite voisine aussi était sorcière, elle me remercia aussi d'avoir sauvé Ruby et qu'elle n'aurait pas du me gronder autant pour un si bon geste.

Les jours suivant ont marqués le début d'une grande amitié entre Ruby et moi. Je lui ai annoncé -hmm, montré plutôt, petit côté frimeur qui ressort-, la bonne nouvelle et elle a semblé heureuse. Bien sur, ce n'était pas de grand cris de joie, on ne se connait pas beaucoup. Elle m'a amené dans sa maison et m'a montré un tas de truc sorcier, des livres et des outils de tout genre. Elle m'a montré la cheminée par laquelle sa mère allait et venait tous les jours et par laquelle elle irait sur le chemin de traverse pour aller acheter ce qu'elle avait de besoin pour l'école. Dans sa chambre, il y avait une grande affiche représentant quelqu'un dans les airs sur un balais. Au départ, j'étais plutôt abasourdi puis je me suis rappelé qu'elle avait tenté de faire la même chose. Ruby m'expliqua que c'était un sport très apprécié chez les sorciers, que ça s'appelait le Quidditch. Elle me montra même comment faire sur le vieux balais-jouet qu'elle avait. Quand je l'ai essayé, j'y suis arrivé pas si mal mais sa mère nous a sermonner de ne pas aller trop haut là-dessus. Nous avons camper dans une tente au milieu d'un champ, une nuit. Nous nous faisions des grimaces avec des lampes de poche. Je l'ai regardé tenté d'attraper des lucioles puis l'enfermer dans un bocal. Nous avons capturé des grenouilles tout près des étangs. Nous avons développés un lien complexe et fort. On se comprenait avec des regards et des grimaces. La vie était belle. Quand j'ai reçu ma lettre de Poudlard par l'intermédiaire d'un hibou, Ruby a presque littéralement défoncé la porte de ma maison en brandissant la tienne, le sourire jusqu'aux oreilles.


 

Poudlard, Poudlard, Pou du Lard du Poudlard, apprends-nous ce qu'il faut savoir,

« Regardez-moi ce sang de bourbe !»
Et bang, je me retrouve contre le mur, j'échappe tous mes livres et ils éclatent de rire méchamment. Je ne m'apitoie pas sur leurs ricanements, fébrilement je tâte mes poches avec mes mains pour trouver ma baguette, je la sort et la pointe en direction de celui qui a parlé avec l'intention de lui faire avaler sa langue. Au même moment, le foutu concierge surgit de nul part et me voilà dans de beaux draps. C'est toujours la même chose, ils sont dans mon cours de potions en plus, ce qui n'aide pas vraiment la situation. Une fois, j'ai tout juste eu le temps de me cacher sous la table que le contenu de mon chaudron explosait. Ruby a éclaté de rire mais pas méchamment comme l'ont fait les autres, les sangs purs. Je ne les écoute pas, il n'y a que le rire de Ruby qui compte. Elle m'aide beaucoup, on a pratiquement tous nos cours en commun, en métamorphose, elle a déjà transformé mon animal en coupe car je n'y arrivais pas, enfin, j'y étais presque mais disons que l'animal se voyait toujours dans certains traits de la coupe. Le soir, dans mon lit, je me pratique à lancer des sorts sur divers objets qui m'appartiennent, j'ai rapidement arrêté après avoir mit le feu accidentellement aux rideaux. Mes parents croient que je me débrouille bien à l'école, quand je leur ai montré mes buses, ils n'ont pratiquement rien compris des résultats jusqu'à ce que je leur explique. Je n'aime pas les sangs purs, enfin, ce qu'ils me font. Mais je ne les laisse pas faire, je devrais peut-être les ignorer plus au lieu de riposter avec des sorts. C'est mon côté orgueilleux qui ressort. Parfois, je veux prouver que je peux être aussi bon qu'eux et aussi brillant. Je me fais souvent pincer pour ça, on dirait que le concierge est de mèche avec eux. Ou peut-être suis-je juste trop maladroit et malchanceux..