L'enfant glissa doucement, mais sûrement, sa tête dans l'entrebâillement de la porte. Le pallier était désert. Bien, se dit-elle. S'avançant doucement pour ne pas émettre le moindre bruit, elle descendit prudemment les escaliers de la demeure familiale. Sa chambre, située au premier étage, lui avait permis d'entendre les bruits de pas et surtout la discussion étouffée que sa mère entretenait avec son compagnon. « Son compagnon ». Malgré qu'elle ai vécu avec lui aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle n'arrivait pas à l'appeler son père Papa. Peut être parce qu'il ne l'était pas et que sa préférence allait clairement à Gilderoy, l'enfant né seulement un an après la naissance d'Anastasia. Pourtant, les punitions qu'il appliquait à l'encontre de l'aînée de la famille recomposée étaient très – voire trop – strictes. Cela expliquait pourquoi Anya avait appris à se faire aussi discrète que possible, pour ne pas subir de colère de l'homme qu'elle craignait plus qu'elle n'aimait.
Pourtant, ce jour n'était pas un jour comme les autres. Aujourd'hui, elle allait avoir quatre ans. Jusque là, rien d'exceptionnel. Anastasia était pourtant né lors d'une date très particulière : le 29 Février. L'évènement n'arrivant que tous les quatre ans – elle n'avait jamais compris pourquoi d'ailleurs – ce serait son premier vrai anniversaire. En jeune bambin curieuse qu'elle était, elle avait envie de savoir à l'avance ce que ses parents lui avaient concocté comme surprise, car il était évident qu'elle allait en avoir une.
Étant enfin arrivée en bas de l'escalier, elle s'était dirigée vers le salon, où les chuchotement devenaient maintenant des voix distinctes.
«- S'il te plait, fais le pour elle. Pour son avenir. Suppliait sa mère
- Elle n'est même pas ma fille ! Tu ne peux me demander ça. Ce serait me compromettre. Ma lignée a toujours été pure. Hors de question de la salir avec une vermine comme elle ».
Pas de doute, ils parlaient bien d'elle. Si elle ne saisissait pas totalement ce dont ils parlaient, Ana était persuadée que ce n'était pas pour son anniversaire. Pourquoi son beau père avait-il cet air de dédain, mêlé d'horreur sur son visage ? Qu'avait-elle encore fait ?
« -  Alors fais le pour moi. Personne n'est au courant de mon histoire. Les gens pensent que c'est ta fille, les rares personnes au courant se tairont. Tu le sais, tu es haut placé au ministère, un petit hibou et ça passera crème. Nul ennui, nul honte. La famille sera préservée des questions, quand elle arrivera à Poudlard. S'il te plait Hadrian ».
L'homme soupira bruyamment et ferma les yeux, manifestement soupesant le pour et le contre.
« - Bien, dit il avec un air las. Je le ferai ».

Anastasia se demandait ce dont pouvait bien parler les deux adultes quand soudain, elle se sentie soulever dans les airs. Elle poussa un petit cri affolé et constata que c'était en réalité Sinky, l'elfe de maison de la famille qui en était l'auteur. Alertés par le bruit, ses parents arrivèrent en courant.
« - Mais qu'as-tu encore fait Anya ? « Soupira sa mère, plus déçue qu'en colère.
«-  Elle était en train de fouiner, la sale vermine. » Marmonna l'elfe
« - C'est bon, Sinky, lâche là. »
Le ton d'Hadrian Lockhart était froid et sec. Anastasia atterrit brutalement sur les fesses. Cependant, elle n'eut pas le loisir de s'en plaindre. L'homme lui administra une majestueuse baffe. Légèrement sonnée, Anastasia regarda sa mère, y cherchant un signe de soutien ,mais rien ne vint. Sa mère paraissait en colère. Et déçue.
« - Voilà ce qui arrive quand les enfants écoutent ce qui ne les concerne pas. Maintenant,monte dans ta chambre, et n'en sort pas de la journée. Sinky t'apportera ton repas ».
Le ton de son beau père était catégorique et la jeune enfant ne protesta pas. Elle monta péniblement les marches de l'escalier. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer et son anniversaire était gâché. Pourquoi tant de secrets ? Qu'est ce que ses parents ne voulaient pas qu'elle sache ?

« C'est moi le meilleur aux échec magiques, hein ?! Toi, tu es nulle ! » clamait haut et fort le petit garçon de sept ans à son ainée, qui ne rétorquait maintenant rien. Elle avait appris que quelque soit la situation, si Gilderoy n'était pas à son avantage,il se mettait à crier et à pleurer, la traitant de tricheuse. Lassée de se faire réprimander pour rien, la jeune fille laissait l'égo de son « frère » croitre de jour en jour, consciente que cela ne lui serait pas forcément favorable dans la vie. La jeune fille se mordit la lèvre pour ne rien dire, et replaca par la même occasion une mèche rebelle derrière son orrière droite.
Cependant, cette fois ci, l'enfant allait trop loin. C'était son anniversaire à elle et même aujourd'hui, il la rabaissait. Elle lui annonça donc calmement qu'elle arrêtait, pour aujourd'hui, de jouer – ou plutôt de feindre – avec lui.

Ce qu'il prit évidemment mal , comme on pouvait s'y attendre. Gilderoy Lockhart était bien le fils de son père :caractèriel, prétentieux et mal élevé. Les colères et crises du jeune homme étaient cataclysmiques. Quand il n'obtenait pas ce qu'il voulait, il se mettait à hurler et à pleurer, ce qui évidemment insupportait les elfes de maison, qui le calmaient en punissant Anastasia. Cette fois ci, encore, il pleurait et clamait son injustice. Son père, excédé, arriva alors pour voir la cause de tout ceci.

« C'est Anya, c'est une mauvaise joueuse. Elle triche » mentit haut et fort le petit, avec ses yeux innocents.
« C'est faux ! » répliqua vivement cette dernière. Elle n'était pas du genre à s'énerver, pourtant. Mais l'injustice de la situation et l'idée même que son frère puisse encore s'en tirer à bon compte l'insupportait. La colère montait en elle, sourde, alors que son père se retournait déjà vers elle pour la sermonner. La frustration qu'elle accumulait déjà depuis trop de temps sembla soudain imploser en son intérieur. L'ensemble des fenêtres alentours explosèrent d'un  coup et Gilderoy se retrouva plaqué contre le mur, à un mètre de hauteur. Le regard d'Ana était quand à lui sombre, tandis que le père, muet de stupéfaction, regardait sans bouger la scène se déroulant sous ses yeux. C'était la première fois qu'il voyait Anastasia s'énerver de la sorte, la fillette étaint de nature plutôt calme. « Dis la vérité à Papa. » exigea la jeune fille, sèchement. Le petit, terrifié , s'éxécuta et quelques secondes après, il retomba lourdement sur le sol, se réfugiant dans les bras de son père en sanglotant. Pourtant, pour la première fois de sa vie, celui ci n'en tient pas compt eet regardait Anastasia avec admiration et respect. Des sentiments qu'il n'avait jusqu'alors jamais éprouvé pour l'ainée de la fratrie.« Félicitations, ana. Tu viens de découvrir tes pouvoirs. » déclara-t-il,  tout en sortant de la pièce. Pour la première fois Anastasia se sentit fière d'avoir défié les lois.

Anastasia tenait dans ses mains le précieux sésame. Les résultats aux BUSES. Elle avait passé une partie de l'été à penser et repenser à ce qu'elle avait pu rater ou réussir. Si elle n'avait aucun doute sur ses résultats en Potions – après tout, c'était l'une des rares matières qu'elle appréciait – mais également en Astronomie – N'ayant purement pas révisé par manque de temps, elle savait qu'elle serait recalé – le reste restait flou. Elle estimait s'en être plutôt bien tiré. Sa mère avait beau lui rêpété que de toutes manières, les dés étaient jetés, elle n'avait cessé de s'angoisser. Ce n'était pourtant pas son genre, elle qui était de nature calme. Mais l'idée de rater ses études était pour elle quelque chose d'impensable. Non seulement parce qu'elle était l'ainée mais aussi parce qu'elle finirait de clouer le bec à son maudit frère, Gilderoy. Il faut dire que ce dernier n'était pas brillant, loin de là. C'était un garçon impétueux et prétentieux, prenant tout pour acquis. Malheureusement, si la gente féminine succombait à son charme et à son talent pour les mener en bateau, ce n'était pas le cas scolairement. Le jeune homme était loin d'être brillant et depuis quelques années, la lumière des projecteurs familiaux se tournait d'avantage vers Anastasia. Elle gageait que cette fois ci marquerait à nouveau un tournant décisif. Car il fallait avouer que l'un des principal défaut d'Anastasia était bien la rancune. Gentille par nature, elle vous fera confiance mais si vous la trahissez ou l'insupportez (et dieu seul sait comment cette tâche est ardue), elle risque de vous en vouloir à vie. Voire, à mort. La relation, si l'on pouvait appeler ça une relation, entre les deux enfants avait toujours été orageuse mais ne se calmait pas avec l'âge.

Quoiqu'il en soit, la découverte de ses notes fut pour Anastasia une satisfaction immense. Elle avait réussi ce qu'elle voulait réussir. Plus rien, désormais ne l'arrêterait. Fière et déterminée, elle descendit dans la cuisine pour annoncer ses résultats. Cependant, ses parents ne l'entendirent pas arriver et lorsqu'elle fit son apparition ils étaient en pleine discussion.
« Ana ! » s'exclama sa mère, d'une manière légèrement forcée, ce qui indiquait qu'elle n'était pas forcément ravie de la voir. Ce qu'Ana comprit évidemment immédiatement. Mais elle était trop ravie pour s'en préoccuper.
« Mes BUSES sont arrivés ! Regardez mes notes ! » clama-t-elle en leur tendant son papier.
La satisfaction se lisaient sur le visage de sa mère, et légèrement sur celui de son père, et cela soulageait la jeune blonde. Il semblait néanmoins que ces derniers avaient quelque chose à lui annoncer.
« Bien, ma chérie, assieds toi » commença sa mère, ce qui remplit le coeur de la Serdaigle d'inquiétude. Ce ton faussement rassurant ne lui disait rien qui vaille.
« Nous ne t'en avons pas parlé plus tôt mais .. Il se trouve qu'à ta naissance, un contrat a été signé. Un contrat avec une autre famille de sang pure. ». Silence. Ana ne disait rien, elle sentait l'entourloupe se profiler mais tentait de ne pas comprendre le sens de ces mots lourds de signification.
« Un contrat de mariage. Nous avons choisi la famille Croupton. Le fils est brillant, tu dois le connaître, non ?»
La stupeur empêcha Anastasia de parler. Ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas être mariée de force, par simple traité. C'était un procédé barbare, dégoutant et profondément injuste. Se levant brusquement, elle sortit du salon et s'enferma dans sa chambre. Elle était anéantie. Pourquoi fallait-il toujours qu'un malheur s'abatte sur elle et la fasse redescendre sur terre, lorsqu'elle était heureuse ?