L'internat

L'internat n'était en rien ce que je m'imaginais. Tout le monde me fuyait comme si j'avais la peste, et pourtant, personne ne savait mon véritable secret. Mais, j'avais comme le sentiment qu'une étiquette « différente » clignotait sur mon front. Et, de toute évidence, tous l'avaient remarqué dont une bande de filles odieuses et arrogantes qui faisaient de ma vie un enfer, renversant mes plateaux, saccagent ma chambre. L'ami de la fille étant à la tête du groupe prenait parfois ma défense. Petit à petit, on se parla. Il se prénommait Arthur, et avait de magnifiques yeux bleus, et des cheveux broussailleux bruns. Un jour que la fille à la tête du groupe avait eu l'ingénieuse idée de mettre des centaines d'insectes sous mon oreiller et ma couette, me laissant un mot des plus désagréables : « Monstres, tu n'as rien à faire dans cet internat. Retourne en enfer. », j'explosais. Les rideaux prirent feu, une fissure se fit dans l'un des murs, les objets volèrent en tous sens. L'armoire était sur le point de m’applatir, mais Arthur pénétra dans ma chambre, et elle stoppa sa course en plein vol. Il me saisit par les épaules, et m'enveloppa de ses mains, alors que tout s'atténuait et se remettait peu à peu en place. Depuis, ce fut la seule personne qui m'adressait la parole. Le seul qui me comprenait... qui était comme moi. La veille de mon anniversaire, il m'offrit le plus fabuleux des cadeaux. Un secret. Il me confia qu'il me ressemblait bien plus que je ne l'imaginais, qu'il était comme moi. Un sorcier selon lui. Des personnes dotées de pouvoirs. Pas des monstres. C'était eux les bêtes, les moldus. Du moins, la plupart. Il me parla de Poudlard : une imposante école pour les sorciers. Comment le savait-il ? Sa mère était une sorcière, et son père un moldu. Ce dernier avait envoyé son fils dans cet internat pour qu'il profite de sa vie en tant que personne normale, avant de plonger dans un monde des plus étranges à ses yeux. Les années s'écoulèrent, et il devint très vite mon meilleur ami, le seul. La personne à qui je me confiais, la personne qui me défendait, m'endurcissait, me guidait et m'apprenait tous sur le monde des sorciers. Je reçus bien la lettre pour entrer à Poudlard, et également Arthur. Ce fut l'un des plus beaux jours de ma vie... Le jour où une chance de prendre un nouveau départ s'offrait à moi.

Poudlard

Quand nous entrâmes à Poudlard, tout fut différent. Je n'étais plus la fille que l'on pouvait atteindre facilement. Je n'étais plus la petite fille avec les cheveux rangés derrière un bandeau, celle qui avait une jolie robe enfantine. Mes cheveux blonds avaient poussé et ondulé, partant dans tous les sens. Arthur m'avait appris à riposter auprès de ceux qui me provoquaient comme les serpentants sans user de la magie. Avec les mots. À Poudlard, je me sentais enfin chez moi. J'étais dans mon élément, et aussi étrange que cela puisse paraître, je m'étais fait des amis. Et plus d'un. Mais, le seul qui m'importait restait Arthur. Toutes les années se déroulèrent comme dans un rêve. J'étais plutôt douée en cours . Je m'étais d'ailleurs découvert une nouvelle passion, le quidditch.
Le « monstre » en moi était devenu une colombe blanche semblable à la pureté et la liberté. J'étais devenue complètement indépendante, et pourtant dépendante d'Arthur. J'avais retrouvé mon humour diabolique. Les élèves m'appréciaient comme j'étais, avec mes qualités et mes défauts. Sauf les verts et argents qui ne cessaient de me traiter de sang de bourbe. Ce qui ne m'importer que peu.
Au fond de moi, ma sœur me manquait atrocement. Et si je ne pouvais plus jamais la voir, c'était entièrement la faute de mes parents qui ne m'avaient pas accepté tels que j'étais. S'ils m'avaient réellement aimé, l'été, j'aurais pu rentrer chez moi. Au lieu de ça, j'allais chez les parents d'Arthur.
Si je me souvenais bien, c'était moi qui avait proposé d'appeler ma sœur Aela, à la vue de sa bouille d'ange. Son doudou jonchait dans ma valise, et chaque jour, je me souvenais d'elle. Puis, en cinquième année, les nouveaux élèves arrivèrent. Une fille au visage pâle, les yeux fixant le sol, les cheveux blonds attachés en une longue tresse bonde, entra. Je connaissais ces traits... les siens. Je me précipitais vers elle, et lui demandais plus d'une fois son prénom. D'une voix timide, elle murmura :


Je tombais des nus à cette annonce. Et dans la minute, je lui montrais le fameux doudou qui lui appartenait lorsqu'elle se trouvait encore dans le berceau. Et, à partir de l'instant où elle prononça mon nom, ma vie devint parfaite. J'avais un meilleur ami et une sœur. Je vivais le rêve. Nous rattrapâmes le temps perdu, et Aela me confia que dès l'instant où nos parents découvrirent ses pouvoirs, ils l'envoyèrent dans un second internat où elle y vécut jusqu'à ce que la lettre de Poudlard lui soit apporté. Un sorcier vint la chercher pour l'aider à bien arriver entière à Poudlard.
En grandissant, le sentiment d'amitié évolua pour Arthur. Je ne le voyais plus de mes yeux, je le voyais avec des yeux d'adultes. Je le voyais à présent avec une partie de mon cœur encore jamais visité. Le problème : j'étais persuadée qu'il m'appréciait simplement en tant qu'ami. Point à la ligne. De plus, une serpentard lui tournait autour depuis peu, et Arthur ne semblait pas refuser ses avances. Je la détestais plus que tout et la haine était réciproque. Mais, on dit que si on aime quelqu'un plus que soi, on lui laissera sa liberté, et que s'il nous aime, il reviendra. Ce pour quoi je laissais la voie libre à mon Arthur. Il était le cœur de mon cœur.
Je ne pouvais me raisonner à le garder prisonnier, ni à lui avouer. J'étais bloquée. Alors, la liberté était la plus belle preuve d'amour...